Antoine-Marie CHAMANS, Comte de LAVALETTE (1769-1830)
Directeur des Postes du 1er Empire de 1804 à 1814 et aux Cent-Jours
1ère notice biographique
(www.napoleon1er.com)
Connu surtout pour son évasion rocambolesque, Lavalette est né à Paris le 14 octobre 1769, ville dans laquelle son père était limonadier. Après de bonnes études au Collège d'Harcourt, le jeune Antoine devient secrétaire du Bibliothécaire de Louis XVI, un certain Lefevre d'Ormesson. Face à la Révolution qui éclate, Lavalette, d'abord favorable aux idées nouvelles, est effrayé par les excès qu'elle entraîne. Il se réfugie dans l'armée et sert trois années dans les gardes nationales parisiennes, puis dans la Légion des Alpes et dans l'Armée du Rhin où le fameux Custine le nomme sous-lieutenant et aide de camp du Colonel Baraguey d'Hilliers.
La rencontre avec le futur empereur a lieu en 1796. En effet, Baraguey d'Hilliers, promu général en Italie, présente Lavalette à Bonaparte. Lavalette, devenu un des principaux aides de camp du Général Bonaparte, est chargé de plusieurs missions diplomatiques dans le Tyrol et à Léoben. Avant son départ pour l'Egypte, Bonaparte lui fait épouser Emilie de Beauharnais (1781-1855), nièce de Joséphine. Le mariage civil est célébré à Paris le 22 avril 1798. Lavalette participe ensuite à la prise de Malte, puis est expédié de nouveau en mission à Corfou, avant de rejoindre le corps expéditionnaire en Egypte.
Il sera de ceux qui rentreront en France avec Bonaparte. Il participe au coup d'Etat du 18 Brumaire. En janvier 1800, Talleyrand l'envoie en mission diplomatique en Saxe afin de préparer un traité de paix avec l'Autriche. A son retour, le Premier Consul le nomme administrateur à la Caisse d'amortissement, puis à la direction des Postes, comme commissaire central (1801) et Directeur général (le 19 mars 1804). La même année, Lavalette est nommé Conseiller d'Etat, section de l'Intérieur. En homme de confiance, il accède au contrôle du fameux Cabinet Noir. Cette institution "non-officielle" était chargée d'intercepter certains courriers. Il passera onze années au Ministère des Postes et au Cabinet Noir.
Lors de la Première Restauration, Lavalette ne rallie pas le camp des Bourbons. En 1815, apprenant le débarquement de l'Empereur, il se rend au Ministère des Postes (alors rue du Coq-Héron, actuel 1er arrondissement de Paris) afin de reprendre ses fonctions. Après Waterloo, Napoléon le reçoit à Malmaison et lui propose de l'accompagner dans l'exil. "Je refusai de l'accompagner", écrit Lavalette dans ses "Mémoires". Avant de poursuivre : "J'ai une fille de treize ans, ma femme est enceinte de quatre mois, je ne peux me décider à me séparer d'elle ; donnez-moi quelque temps, et j'irai vous rejoindre partout où vous serez" Lavalette n'aura pas cette possibilité : arrêté chez lui le 18 juillet 1815, il est conduit à la Préfecture de police puis incarcéré à la Conciergerie. Il y rencontrera le maréchal Ney prisonnier lui aussi.
Traduit devant la Cour d'assises pour conspiration et usurpations de fonctions, il est condamné à mort le 21 novembre 1815. Son recours en cassation est rejeté et il n'obtient pas la grâce de l'impotent Louis XVIII, trop heureux de répondre aux exigences des "Ultras".
La veille de l'exécution, Madame de Lavalette et sa fille rendent visite à leur mari et père. Lavalette échange ses vêtements avec ceux de son épouse et sort au bras de sa fille, incognito, un mouchoir lui dissimulant le visage.
L'évadé trouve refuge dans les combles du Ministère des Affaires étrangères, puis quitte Paris le 8 janvier 1816 avec la complicité de trois officiers anglais : Bruce, Hutchinson et le Général Wilson. Il revêt l'uniforme britannique et gagne la Belgique. Puis Antoine de Lavalette se dirige seul vers la Bavière, pays où il résidera plusieurs années, avec la bienveillance d'Eugène de Beauharnais, d'Hortense et du Roi Maximilien.
Gracié par la suite, il peut enfin rentrer à Paris. Madame de Lavalette, déjà ébranlée par la perte de son second enfant (le 13 octobre 1815), resta emprisonnée à la Conciergerie et ne sera libérée que le 23 janvier 1816. Affaiblie psychologiquement par tant d'épreuves, Emilie de Lavalette disparaîtra le 18 juin 1855.
Quelques années auparavant, le 15 février 1830, le comte Antoine de Lavalette était décédé, sans doute d'un cancer des poumons. A l'issue d'une cérémonie qui rassemble les grands noms de l'Empire, il est enterré au Cimetière du Père Lachaise. Son épouse puis sa fille viendront le rejoindre.
Sa sépulture que "dévore" un lierre grimpant ne comporte aucun accès (ni porte, ni ouverture). Elle est située dans la 36° division, avenue des Acacias, Première ligne.
2ème notice biographique
(Le Monde des Philatélistes)
Né à Paris la même année que Napoléon, il s'engagea et fut nommé aide de camp du Général Bonaparte au lendemain d'Arcole (1796). Celui-ci avait apprécié les qualités de finesse du jeune officier et en fit son agent secret à Rastadt notamment.
Pour reconnaître ses services, il lui donna en mariage Emilie-Louise de Beauharnais, nièce de Joséphine.
Lavallette fit la campagne d'Egypte, revint à Paris pour préparer en sous-main le coup d'Etat du 18 brumaire, alla en Autriche préparer le traité de paix et se vit confier malgré lui la direction des postes. C'est à ce titre qu'il eut en 1954 les honneurs de la Journée du Timbre. De 1802 à 1814, il dut contrôler l'acheminement des dépêches et agir comme chef du Cabinet Noir. Dans cette besogne ingrate, il réussit à ne point se faire haïr : « L'honneur, la probité, la droiture en tout sont la base de son caractère », a dit de lui Napoléon.
Pendant ce temps la comtesse de Lavallette était aux Tuileries la dame d'atours de Joséphine.
En disgrâce sitôt le retour des Bourbons, il apprend avec émotion le débarquement de l'Empereur à Cannes, le 1er mars 1815. Le 20 mars, Lavallette bondit à l'hôtel des postes, reprend sa place pour s'y livrer à une besogne qu'on appellerait aujourd'hui de « l'intoxication ». Il envoie un courrier à Fontainebleau où venait d'arriver Napoléon, arrête les journaux royalistes et les dépêches des fonctionnaires qui auraient pu rester fidèles à Louis XVIII. Il fait imprimer une circulaire distribuée à tous les relais de toutes les routes de France : l'Empereur sera à Paris dans deux heures ... il n'y aura pas de guerre civile ... Vive l'Empereur ! (Lucas Dubreton, l'évasion de Lavallette.).
Arrêté dès la seconde Restauration, il s'évadera grâce à la complicité de sa femme qui prendra sa place dans la prison. La police mobilisera tout Paris pour retrouver le fugitif qui pendant deux mois resta caché au ministère des affaires étrangères. Il quitta la France grâce à la complaisance d'officiers anglais alors que sa femme restait en cellule plusieurs mois encore et en sortait à demi-folle.